Covid-19, économie mondiale et multilatéralisme : la perspective chinoise !!
La pandémie de Covid-19 a gravement affecté les économies des pays du monde entier. La mondialisation des marchés et l’échange continu de matières premières et de produits ont subi un revers. Les restrictions de voyage et les blocages ont mis à mal plusieurs secteurs productifs tels que le marché pétrolier, la chaîne d’approvisionnement alimentaire et l’industrie du tourisme. Les experts et les dirigeants politiques ont considéré la coopération internationale multilatérale comme la réponse la plus efficace à la crise de la pandémie.
Cependant, les économies ont souffert différemment et le multilatéralisme a souvent été transformé en outil géopolitique. Comme en témoignent les solides relations économiques entre Pékin et Berlin, la Chine, dont l’économie repose sur les exportations, a relativement bien résisté à la crise économique, restant une puissance géoéconomique mondiale. En outre, le nouveau multilatéralisme dirigé par les États-Unis, également inauguré pour faire face à la pandémie mondiale, est considéré par Pékin comme une menace géopolitique pour ses aspirations mondiales.
Les chaînes d’approvisionnement mondiales et l’ordre multipolaire
Dans le domaine économique, la mondialisation a fortement marqué les économies nationales. L’intégration des marchés a entraîné une fragmentation des processus de production. Après s’être internationalisées, les activités économiques se sont transnationalisées, entraînant une fragmentation et une intégration fonctionnelle des chaînes d’approvisionnement.
D’un système unipolaire dirigé par les États-Unis, l’économie mondiale est devenue un système multipolaire, dans lequel des puissances régionales comme la Chine et l’Inde jouent un rôle clé. Les économies des pays dits « Brics » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) représentent ce changement dans le système économique mondial. Parmi les BRICS, la Chine est devenue une puissance économique de premier plan sur la scène internationale. Les industries chinoises connaissent une mondialisation croissante de leurs activités et exercent une influence géoéconomique également sur les pays européens.
Pékin-Berlin, une amitié au-delà de la pandémie
En raison de la fermeture des frontières et des blocages internes, les importateurs et les exportateurs ont subi de graves pertes économiques. La Chine et l’Allemagne, deux économies interconnectées orientées vers l’exportation, ont dû faire face aux effets du Covid-19 sur l’économie mondiale. Toutefois, les données montrent que Pékin a subi des pertes relatives pendant la pandémie, connaissant en fait une reprise économique rapide. Les performances de la Chine en matière de pandémie ont déterminé les performances économiques de l’Allemagne.
Le fait que la Chine ait réussi à contrôler l’épidémie dans le pays et à mettre en œuvre des mesures pour relancer l’économie a entraîné une augmentation des importations et des exportations allemandes. Le mois de février a coïncidé avec le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 en Chine en 2020, ce qui a entraîné une forte baisse des importations et des exportations en provenance d’Allemagne. Le mois de mai 2020 n’a vu que 197 nouveaux cas et, par conséquent, un retour à des niveaux d’importation et d’exportation « normaux » en Allemagne.
Selon les données économiques fournies par le Statistisches Bundesamt (2021), au cours de la période allant de janvier à novembre 2020 (figure 1), l’apparition de la pandémie en Allemagne en février 2020 a entraîné les niveaux les plus bas d’importations et d’exportations vers et depuis la Chine. Bien que cela ait entraîné de graves pertes économiques, les importations et les exportations ont retrouvé leur niveau initial en mai 2020. En outre, une comparaison entre le choc économique de 2020 et les données de 2019 (figure 2) montre que Covid-19 n’a pas produit une diminution drastique des importations et des exportations sur le long terme.
Les nouveaux États-Unis : le multilatéralisme pour contrer la Chine
Sous la présidence Trump, les États-Unis ont adopté une approche unilatérale des relations internationales. L’élection de Joe Biden à la Maison Blanche a entraîné un changement de rythme dans la politique étrangère américaine avec un retour au multilatéralisme, également considéré comme un outil pour contrer la projection mondiale de la Chine.
La pandémie a entraîné de graves conflits diplomatiques et économiques avec la Chine. Les États-Unis et des pays clés d’Asie, comme l’Australie, ont sévèrement critiqué Pékin et émis des doutes sur l’indépendance et l’efficacité de l’enquête internationale sur les origines du Covid-19. La question de la chaîne d’approvisionnement en vaccins est également devenue un point de friction majeur. Joe Biden a engagé des pourparlers avec les membres du Quadrilatère (Dialogue quadrilatéral sur la sécurité), l’Inde, l’Australie et le Japon, afin d’élaborer une stratégie de vaccination en Asie-Pacifique qui limite l’influence de la Chine.
Le tableau est encore compliqué par les différends géopolitiques en mer de Chine méridionale, la question de Hong Kong ainsi que la guerre commerciale que Biden a héritée de l’administration précédente et les questions liées au changement climatique et au libre accès au marché chinois. La présidence Biden élabore une nouvelle stratégie de multilatéralisme pour contrer la montée en puissance de la Chine, désormais accusée par la Maison Blanche de génocide à l’encontre des Ouïghours de la région du Xinjiang.
La pandémie de Covid-19 catalyse ces tensions, exacerbant une crise bilatérale qui risque d’entraîner de nouvelles tensions et un renforcement du multilatéralisme anti-chinois.